Dans Ta Face : A bas les pauvres !

Vous croyez à une provocation ? Que nenni.

Pour nos bons maitres, le pauvre est un frein au bonheur : ses exigences sont coûteuses, et il ne tient pas tant que ça à travailler douze heure par jour pour produire de la merde profitable.

Ces temps-ci, nos bons maitres n’ont plus besoin de 6 millions de personnes et s’accommodent très bien de les laisser dans leur chômage. Mais le chômage coûte cher et diminue les bénéfices.

La lecture d’un très petit livre pas cher vous donnera les détails : « L’art d’ignorer les pauvres », éditions ‘les liens qui libèrent’, qui reprend deux vieux articles fort bien argumentés, l’un de John K. Galbraith qui donne son titre au livre, un autre de Laurent Cordonnier qui s’appuie sur des rapports officiels. Non, partez pas ! Le tout se termine par un extrait d’un livre de Swift qui conseillait, au deuxième degré, d’aider les pauvres en leur donnant des recettes de cuisine pour manger leurs enfants ou plus simplement de se faire du blé en les vendant comme viande pour les riches, qui se feraient de bon petits plats raffinés.

Quel est le pitch ? C’est l’intro de cet article, qui se prolonge évidement dans le bouquin.

Mettez vous un peu à la place des riches, soyez compatissants : ils subissent des freins au bonheur. Il se retrouvent, via les cotisations sociales par exemple, obligé de payer ceux qu’ils ne veulent pas payer.

Comment faire pour que cela cesse ? Inventons un concept : « Donnez des compensations au chômage décourage le chômeur de travailler »… donc aider les pauvres ne leur rend pas service. Thatcher et Reagan l’ont bien compris : plus ont fait la vie dur au pauvres, plus on les pousse à se sortir de leur merde, donc, plus on maltraite les pauvres, plus on leur rend service ! Ne rigolez pas, c’est l’axe dialectique de la politique sociale voulue par les riches : moins de politique sociale pour aider les pauvres. Accessoirement augmenter les bénéfices, mais ne soyons pas grossiers.

Deux saloperies : c’est le riche qui a décidé de faire chômer le chômeur. J’ai bien écrit « décidé ». C’est le riche qui a organisé la mondialisation, précisément pour faire des économies de travailleurs : le marocain ou le polonais, le chinois sont bien meilleur marché !

Deuxième saloperie : les compensations financières au chômage (indem, alloc, APL et autres) sont le fruit de cotisations, une part du salaire ‘réservée’ pour cela. Un droit, pas une aumône.

Pour les deux aspects, il y a un traitement politique :

Premier point le chômeur est responsable de sa situation, c’est un fraudeur qu’il convient de punir. C’est la « gauche » (ah oui, on met des guillemets, maintenant) qui a commencé à transformer le regard sur le chômeur : d’ayant-droit, il devient délinquant de principe, qu’il faut punir en le menaçant de lui sucrer des indem’ s’il ne cherche pas ‘activement’ un emploi. C’est l’OCDE qui donne lâche le morceau dans son rapport de 2006 : l’affaire à déjà plus de 20 ans, mais finalement, le verbe sort:

« Stratégie d’activation des chômeurs…Faciliter le passage de l’assistanat à l’activité professionnelle… » . Sarko fait écrire par son toutou Camdessus un rapport et propose « une action de sensibilisation…auprès des collectivités locales pour que celles-ci « sucrent les avantages donnés aux chômeurs (cantine, transport, loisir) qui réduisent les écarts entre actifs pauvres et chômeurs, car cela a « tendance à réduire les gains financiers à la reprise d’un emploi…« . Les riches sont schizos : ils nous collent au chômedu, et ensuite ils viennent nous le reprocher !

Mais attention, cette saloperie morale est inévitable : le but premier, le ‘désir’ primitif, c’est comme toujours de baisser les salaires ! Et c’est ce qui se passe quand on réduit les cotisations, de préférence patronales qui n’impactent pas le net à la fin du mois, mais qui constituent de fait une baisse de salaire. Plus de PIB pour les actionnaires ! Et le fric qu’on ne donne plus au pauvres en réduisant les indem’ et autres allocs, c’est toujours ça de (re)pris !

Deuxième levier : faire passer les cotisations salariales, qui sont du salaire indirect, dans la CSG qui est un impôt à la charge des pauvres. Suivez un peu ! Les cotisations ouvrent des droits sur le dos du capital. Les cotisations sociales sont du salaire, indirect certe, mais du salaire quand même, et le salaire, rémunération du travail, tend à réduire le profit du capitaliste, pardon « l’investisseur ». Le salarié aime le salaire, l’investisseur aime le profit. Le salaire, c’est du profit perdu.

La CSG est un impôt qui accompagne le capital, lui reconnait le droit du profit improductif : plus il y a de profit, plus il y a de CSG ! Notez comment, en passant, en invoquant un impôt égalitaire, qui s’assoit AUSSI sur les revenus du capital, on peut avoir l’air d’être social, alors que c’est exactement le contraire. La cotisation sociale est ennemie du capital, qu’elles tend à réduire, alors que l’impôt-CSG le reconnaît, le légitime et l’accompagne. Exactement comme l’amnistie fiscale si tu rapatries ton évasion, pardon, ton ‘optimisation fiscale’, moyennant une prune.

Imaginez qu’on dirait que le crime barbare soit punie d’une amende. Le capital est un crime barbare punis d’une (petite) amende. Alors que le salaire (ou l’indem chômage, l’APL, les réducs sur les transport..) est la prison du capital.

Salauds de pauvres ! Moi, ça me donne envie d’envahir la Pologne…..

 

 

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