Dans Ta Face : 23 mars 14, Désirs 2

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Trions nos désirs

L’humain, comme les autres bestioles, ne vit que pour satisfaire ses désirs : à l’origine des temps, c’est un abri, des vêtements, une gamelle et niquer. Ma survie et la survie de l’espèce. Non, la nature est mal faite : ceux qui ne niquent pas ne laissent aucune trace dans l’histoire, faute de descendance.

Ces pulsions sont tellement importantes, que cela donnera plus tard, après que les objets des désirs primitifs commencent à être satisfaits,  Spinoza et le roman. Le roman est basé sur l’observation que les deux désirs qui animent les hommes, car ils les possèdent tous, se résument dans : « Va-t-il survivre  ? » et  » Va-t-il se la faire ? ».

Vous prenez Madame Bovary, Plus chouette la life,  ou le dernier Bruce Willis, c’est exactement pareil. Avec ça, le lecteur/spectateur est quasiment obligé de s’identifier : certain appellent cela l’exorcisme des peurs. Spinoza traite du désir en tant que carburant des humains, et en plus, j’adore faire le malin (celui qui m’a vu lire Spinoza n’est pas encore qu’un frémissement lubrique dans l’échine de son père).

Si vous avez compris que l’industrie du livre, du cinéma, de la pub et du théâtre sont entièrement sur ces fondations, vous admettrez qu’un pan gigantesque de nos existences est entièrement et uniquement impulsé par ces deux ressorts.

L’homme, cet animal pervers

Pervers, car l’élan primitif survit à la satisfaction des désirs qui le motivent (l’élan !). Le ressort reste tendu, quand bien même la survie et l’espèce sont garantis. L’homme a l’angoisse de perdre les raisons de cette satisfaction.

Ça, c’est pour l’épargne. Mais une fois le tronc rempli de noisettes, l’homme entreprend la construction d’un silo à noisette, une fois marié, il continue de pulvériser ses gênes dans des piaules de Sofitel.

Voyez bien que la nature est mal faite : le moteur à désir de l’homme n’est pas pourvu d’un mécanisme régulateur, comme dans les locomotives pour éviter de dérailler au prochain virage. Il est basé non pas sur la satisfaction infinie, mais sur le manque infini.

La peur (de mourir) engendre le désir (de manger), mais à la fin du repas, la peur subsiste : le pervers va lui trouver un nouveau désir donc un nouvel l’objet à convoiter.

Ça suffit pour aujourd’hui, demain on fait de la politique : les politiciens et les riches sont au pouvoir et au pognon ce que DSK est au gamète auto-propulsé.

PS : je voudrait m’insurger. Certains disent que je sous-entend que nous sommes tous des pervers. C’est scandaleux : ils ont raison.