Le journaliste au bord de son monde.

Il est un adversaire de tribune dont il faut prudemment mesurer le pouvoir de nuire : Le journaliste au bord de son monde.

Non pas qu’il soit une sorte d’homme si différent des non-journalistes. Mais quand un journaliste dérape au-delà du bord de son monde, les dégâts sont terribles.

Le journaliste politique a bien sûr ingurgité plus d’infos que vous ou moi. C’est son boulot.

J’ai des doutes sur la variété effective des sources d’informations. L’information est intégrée depuis les années 1950 dans la finance et l’industrie.

Bref, tout le monde sirote les trois mêmes agences de presse.

Notre constitution nous égrène notre soumission à une infime minorité, au lieu de nous en protéger. Le reste n’est que conséquence.

Il y a quelque chose d’électrique à observer ces journalistes au moment où un contradicteur leur suggère de toucher aux nœuds de pouvoir : monnaie, liberté des capitaux, privatisation des biens communs et nationalisation de tous les déchets. Une telle vision, qui peut parfaitement aller dans le sens évoqué précédemment par ledit journaliste, va faire disjoncter le discours. Alors qu’il était parfaitement audible jusque-là, le journaliste, au-delà du bord de son monde est sans arme.

Comme Jean Quatremer, de Libé, « journal de gauche », sur Canal quand il attaque l’accord commercial dégueu que les américains veulent imposer en Europe, donc en France. Mais en face, Dupont-Aignant évoque en terme adouci une sortie de l’euro, et évoque un scandaleux exercice de pouvoir. Quatremer trouve que à part ça, l’Europe, c’est vachement bien. Une superbe jeune blonde à ses coté acquiesce. Blonde qui a employé, pendant son intervention, l’expression « j’ai envie d’dire » au premier degré.

Tous les téléspectateurs peuvent être exposés à n’importe quel clown ou tribun, un certain nombre de sujets ne passent pas, pas de « liste noire », non, simplement le logiciel implanté est tellement complexe et autoritaire, qu’il est très difficile de penser librement pour des employés de l’info qui ne disposent pas de temps pour réfléchir et ingurgiter le flot continu.

Les informations qu’ils trient sont des abstracts qui supposent l’adhésion implicite à tout un système de codes, des bons et des mauvais.

A force d’attention captée au détriment de l’attention dirigée, les journalistes et leurs lecteurs/auditeurs/téléchoses baignent, sans vision d’ensemble, dans un maillage d’injonctions politiques et sociales. Une fois qu’on vous a bien bassiné, formé, testé puis employé au service du libre-échange industriel et financier, vous pouvez difficilement faire des exercices de pensée autrement qu’avec le kit qui vous possède.

Ben tout ça, vous pouvez le voir parfois à la télé. Identifier sur quoi il a déraillé, et comment il se rattrape est très instructif.

Un mec disait que certains ressorts jusque-là secrets de la pensée de Spinoza sont apparus en lisant un ouvrage raté, où se dévoile ce qu’il ne laissait jamais volontairement apparaître.

C’est beau, un journaliste au bord de son monde.

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