Dans la Matrice

Le célèbre film a eu son succès. Matrix décrit un monde futuriste, où des humains complètement immobilisés pour produire je sais plus quoi, des lecteurs MP3 peut-être, vivent dans une réalité virtuelle « normale » et joyeuse.

Le héros évite les pruneaux en faisant quelques démonstrations de Street Art 3D. Formidable.

Lorsque nous tentons un rapprochement entre ce film et une forme exacerbé de notre vie sociale aujourd’hui, cela ne tient pas et on se sert un pastis.

Brazil, de Terry Gilliam, montre également un monde mort et techno-dictatorial bordé, jointivement, de panneaux publicitaires vantant un truc vachement gai et bien. Des vacances à Hawaï ou un truc comme ça…

Aucun rapprochement n’est évidemment possible, même en étant très colère sur nos médias mainstream. Ceux qui sont détenus par le roi du BTP, et d’autres rois de l’armement. Donc du lourd qui fait bizness avec votre pognon. En comparant la vision média et… et quoi , mes petits poulets ? Comparé à quoi ? Je vous laisse 2 mn pour trouver à quoi comparer le film de nos télés ou nos tablettes.

Je vous invite à regarder en arrière. Arrivants ou arrivés à la cinquantaine, nous sommes assez nombreux à avoir vu la France de 1965, d’en bas, accroché à la main d’une maman. Et chaque génération a une fonction de témoin.

Ma génération est arrivée dans la vie active, après avoir traversé collège et lycée, allant en quelque occasion chercher des grenades lacrymo dans les fossés de la fac de Jussieu pour se distraire un peu. Les manifs étaient vite larmoyantes. Donc, nous sommes arrivés « en politique » avec Mitterrand et un passé un peu gris (j’ai connu l’Ortf avec une seule chaine !)

Et pfuit la baudruche démocratique s’est dégonflée en deux ans. Cette gauche met en place l’étau du capitalisme ou pour le moins lui a donnée ses armes les plus puissantes contre l’état et les non-possédants. Bon, je m’aigris. Pensons plutôt à Hollande.

Globalement, la prise de pouvoir de très peu sur beaucoup date de bien avant la révolution de 1789. C’est la life. La seule chose qui augmente avec la technologie, c’est la capacité des propriétaires à faire gicler du retour sur investissement. L’ordi du trader, c’est le tracteur du paysan. La machine financière est aussi influençable qu’un pétrolier de 500 000 tonnes lancé à 24 nœuds à qui on demande de s’arrêter pour un alcootest ou acheter un paquet de clopes.

La vision globale apparait en regardant le film sur le long terme. 200 ans bien tassés.

Les Médias et leurs avatars portatifs ne cachent pas la vérité : ils sont la vérité.

Le Figaro appartient à Dassault, TF1 à Bouygues, Libé à Rotschild… Toujours rien ?

Le Médias et tout l’Entertainement, la machine à distraireretardent l’arrivée de la vérité. C’est l’évolution de la société qui disparait aux yeux de tous. Comme la mémoire du consommateur moyen se rapproche de celle d’un poisson rouge, le retard suffit à faire disparaitre les évènements les plus troublants. A l’extrême, si les médias attendent la prescription pour hurler sur un scandale, qu’ils hurlent !

Les médias ne vous font pas gober un monde autre que ce qu’il est, ils vous empêchent de lier l’histoire du monde autour de vous à votre histoire personnelle. Avant de se lancer dans un combat politique, si modeste soit-il, il faut avoir la nécessité, la pulsion de faire changer les choses. Mais si vous êtes tenus à l’abri de l’information, soit qu’elle soit tronquée, soit qu’elle soit travestie, soit qu’elle vous soit servie avec 10 ans de retard vous ne verrez pas combien nous sommes manipulés pour ne pas changer les structures.

Téléthon, mariage gay, guerre au Mali : que des thèmes de films distrayants pour le Dimanche soir. Rien à penser, juste suivre le fil de l’intrigue. Un p’tit X de temps en temps : les détails de l’affaire DSK. Nous sommes convoqués à surjouer le citoyen en colère sur des sujets soigneusement choisis pour ne pas remettre en cause les structures.

Quand Hollande se frite à la télé avec Sarko, il lui jette à sa face les 548 Md€ de dette supplémentaire en geignant que ça va être à lui, Hollande de les faire rembourser par les français. Et l’autre de contester les chiffres. A la fin, vous en voulez à Sarko et vous votez Hollande.

Il ne vous vient pas à l’idée une seconde que si on vous parle de 548 ou 547,5 Mds d’€ et des difficultés à rembourser, c’est pour ne pas, ne surtout pas évoquer la fin des emprunts par l’état aux banques privées pour se financer. Remettre en cause rétroactivement la dette existante. Remarquez que la MMA vous explique que pour être le roi, il faut être client. Citoyen, ce n’est pas le bon plan. Client, c’est le top.

Des truands, des méchants qui butent des innocents, c’est le top ! Du terrorisme ? Encore mieux ! De l’aventure, du sang ; du danger ! Mais l’essentiel ne risque rien. Des tableaux de chiffres, c’est chiant. Le foot, c’est cool.

La démocratie a-t-elle une chance sans éducation populaire ? Assurément non.

La Matrice, c’est un programme d’anti-éducation populaire. Retirer à chacun son cerveau de citoyen pour le remplacer par un cerveau de client. Cerveau bien plus simple à élaborer, puisque le client est piloté par ses désirs, désirs sans cesse remodelés pour être insatisfaits. Cette insatisfaction vous pousse à travailler, à vous endetter et à claquer votre fric dans une gamme soigneusement choisie pour être d’un rapport maximum pour le vendeur.

Le citoyen n’évalue pas les choses en termes de coût. Un petit peu quand même ? Non. Pas du tout. Les coûts ne concernent que ceux qui louent (de ‘location’) l’argent. Qui se préoccupent de rentabilité, donc uniquement de ce qu’un prélèvement de richesse sans contrepartie est possible.

Un citoyen aborde les problèmes en tenant compte de l’environnement, en prenant en compte « financièrement » ce qu’il arrache à la terre, soit pour le remplacer, soit pour le compenser ailleurs (alors là oui, il y a des questions de fric).

Un citoyen n’a pas de problème de financement, puisque la collectivité affecte librement ses ressources, sans l’accord d’une agence de notation, aux projets qu’il croit les meilleurs.

Le recours à la création monétaire directe est à sa disposition. Il sait que ce levier n’est pas sans risque. Il réfléchit de bonne foi à l’usage maximum de la création monétaire dans les limites d’équilibre monétaire déterminé démocratiquement.

A ce point, vous auriez raison de pinailler, contester, argumenter. Bravo ! C’est exactement ce qu’il faut. On lance le débat ? En prime time sur TF1 ?

Dans la matrice, vous êtes distrait, votre regard est distrait de la direction naturelle, devant soi. Terrorisme, braquages, quartiers nord, actes antisémites, un gauchiste ratatiné par une ligue patriotique : Ça aurait fait la fierté du colonel Laroque* ! Cahuzac, par contre, c’est vraiment contre-productif. Se faire gauler comme un vulgaire Woerth…

Il ne vous reste que la possibilité de réclamer 30% de sel en moins dans le jambon. Et c’est pour ça que vous faites des manifs.

Alors donc, si vous ne pouvez voir comment je, vous, ils, se font rouler dans la farine, ce n’est pas en cherchant la trace d’une mise en scène Matrixoïde que les choses vont s’éclaircir. C’est dans le déroulement du film, avec le mouvement que les changements et les constantes apparaissent.

L’art des médias et des histoires racontés par les z’oms politiques, c’est de proposer l’actualité comme une série de diapos déconnectées les une des autres. Pas forcément toujours des bobards. Suffit de lâcher des appâts, lourdement commentés, avec un fait divers bien choisi, vous pouvez faire perdre 6 mois de réflexion aux électeurs.

Nos infos sont des pages de faits divers sans aucun intérêt collectif.

Nous baignons dans un jus inodore, sans saveur, plein de conventions gustatives superficielles. Détail du braquage d’une bijouterie à Marseille. Mais aucun détail du braquage de la liquidité par les banques après avoir fait FAILLITE en 2007.

Il y a des trucs simples pour rendre politiquement inerte n’importe-quelle news. Avec ce nouveau ramasse-merde, qui fait la fierté du journaliste-dont-la-mission-essentielle-en-tant-que-jésuite-de-linfo-est-de-nous-informer, ce *!~ dégoûtant, cet outil du diable, qui arrache à la victime une vérité profonde, propre à l’édification des masses, outil donc plus universel que le couteau de l’armée suisse, j’ai nommé l’aimant à prix Pulitzer, la fameuse question qui tire les larmes avant la réponse : « Et alors à ce moment-là, qu’avez-vous ressenti ? » (Sa femme est partie avec son dentiste, sa maison et ses enfants viennent de cramer, ou les syndicats ont validé la mouture Medef de la retraite). Ou alors, je serais eux, je proposerai une loi pour le mariage homosexuel. Flûte, c’est déjà fait.

Pujadas demande à une célébrité qui a gagné un prix, un prix Nobel de la paix qui lutte contre les multinationales pour les pauvres du Bangladesh

– « gnagnagna trilouli pipopipo ressenti quand vous avez su que vous aviez le prix ? ».

Ce qui permet d’omettre que Nobel a fait sa fortune en inventant des explosifs, et que l’exhibition d’un Nobel permet de faire des papiers vides sans risques intellectuels ni politiques.

C’est plus simple que d’enquêter sur l’usage immodéré de clandestins par nos rois du BTP, à travers des filières sombres de sous-traitance. Donc chômage chez nous et perte de valeur réelle (le fric que les exploités sortent de France pour leur famille), et maxi bénéfice pour un contrat public truandé dès l’appel d’offre.

A ce moment précis, vous êtes dans Brazil, Attaché sur un fauteuil dans « L’armée des douze singes ». Devant un dentiste farceur dans « Marathon Man ». Là je sens que je vous touche.

Si vous voulez « voir » le système, pour ensuite le démonter, puis le remplacer par du mieux, il faut refaire le chemin de sa conception, de sa fabrication, et lire le carnet d’entretien.

Vous le faites bien pour acheter un voiture ou une machine d’occasion.

Je vous propose donc de vous lancer dans un genre de stage personnel, que vous pouvez faire tranquille à la maison. Gratos.

A la fin de ce stage, qui est très agréable, vous aurez l’impression de renaitre au monde, à votre époque.

C’est quand on sait d’où on vient qu’on voit où l’on est. Ça chie, non ? C’est de moi.

Henri Guillemin offre plein d’intérêts pour ça. Ses émissions dont vous trouverez le lien ci-dessous, doivent être regardées par paquets, à votre rythme. C’est un historien rigoureux et passionnant. Sa présentation est précise, et à l’inverse d’un livre d’histoire, vous courez après lui pour connaître la suite.

Nous sommes dans une époque où une partie de la jeunesse rentre au garage en fin de 3ieme, et où une bonne partie de l’autre regrette bientôt de pas avoir eu les coronès de faire pareil. D’autre rentrent crevés du taf pour se coller devant la télé. Les autres pianotent sur un Imachin plus concentré que sur les PIP de la fille qui téléphone à ses cheveux. Victime ou vainqueur aux petits pieds, vous êtes dans la matrice.

Comment sortir tout ce monde-là de celle-ci ? OK. On respire et on commence par le début.

Commencez par Guillemin… Souvent en épisodes de 25 mn. Parfois série de 2, 11, 14, 16 émissions, selon les cas. Les liens pointent sur le premier épisode, les suivants à chercher dans la liste à droite.

Robespierre pour commencer ?

Robespierre 1/2

Napoléon, pour mieux comprendre un certain président aphonophile ?

Napoléon : Petit, hargneux et revanchard.

De la guerre de 1870 à 1914, c’est plein d’enseignement, on y voit le système politique français à poil ! Et autant ça ne vous dit certainement rien, autant c’est dommage. Allez, hop :

De 1871-1914

L’autre Avant-guerre

* Allez donc voir qui est le colonel Laroque !

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