Le tirage au sort est une clef de la démocratie. Nous en avons été tellement éloigné que notre vision en est simpliste et injuste.

Pour ne pas me répéter, vous êtes invités, si ce n’est pas déjà fait, à parcourir la fiche Le Tirage au Sort et ses liens.

Il est supposé maintenant que vous avez capté le principe. Ce qui est loin de l’objectif.

Le tirage au sort peut s’appliquer dans presque tous les domaines.

Le tirage au sort : une science nouvelle !

Écartons tout de suite les mauvais exemples : tirer au sort les contrôleurs aériens ou tout autre fonction  liés à la maitrise d’un savoir, d’une compétence n’est pas une option.

Par exemple, tirer au sort le comptable dans l’entreprise est une ânerie. Mieux vaut choisir le comptable.

En revanche pour le dirlo ou le drh….. pourquoi pas ? Et pour le(s) délégué(s) du personnel, voila qui mettrait fin aux jérémiades à propos des délégués planqués.

On n’a qu’à dire que le délégué est tiré au sort tous les six mois parmi ceux qu’il est censé représenter.

Arrêtons nous un instant. Vous avez travaillé en entreprise. Vous connaissez le principe du délégué du personnel ou du délégué syndical.

On dit (mais « on » est un con, parfois) que le délégué syndical ou « du personnel » est généralement le plus cossard, n’en fout pas une rame et abuse de ses disponibilités.

Déjà, que cela soit vrai ou non, l’ambiance est déplorable. Comme pour toute les élections, le délégué est souvent le plus inapte à la fonction. Je vous laisse choisir : « souvent », « parfois », « à tous les coups », « encore ? »….

Tirer aux sort le délégué est aussi l’occasion si nécessaire, de lui donner une petite leçon d’éducation civique appliquée à l’entreprise. Un à-côté à ne pas négliger.

Lequel d’entre vous va rédiger le manuel déterminant l’éthique règlementaire ?

Ensuite, cela oblige le personnel à se réunir pour définir et communiquer le contenu de sa mission au délégué tiré au sort.

Il n’a pas demandé à être là, des comptes lui seront demandés, par rapport à sa fidélité, sa capacité à transmettre et à discuter avec ses interlocuteurs avec toute l’honnêteté que l’on peut souhaiter.

Comme l’honnêteté ne se décrète pas, le tiré au sort doit rendre des comptes.

C’est un exemple. Qui devrait déjà faire réfléchir ceux d’entre vous qui ont un passé syndical. Vous avez constaté comme les syndicats se détachent de leur base, dès lors qu’ils sont invités au festin du pouvoir.

Quand on voit que nos si chers syndicats ont avalisé sans aucune imagination les réformes de nos retraites, je deviens salafiste du tirage au sort. Voila un vocable à inventer.

Et si les délégués aux négociations étaient tirés au sort au sein de TOUS LES ADHÉRENTS, boljemoï de boljemoï !!

(en cyrillique vous l’auriez pas capté. Ƃоже мой ! Là non plus ?).

C’est une révolution. Ces beaux messieurs stars syndicales, qui signent tout ce qu’on leur demandent, sans en référer à leurs adhérents devraient être….On se calme.

Bref. Pour les pages qui se trouvent sous celle-ci, vous devez vous livrer à :

Des expériences par la pensée

C’est simple. Une expérience par la pensée est un exercice de simulation.

Rappelez vous quand vous étiez petits : On dirait que tu serais le client, et moi le marchand.

Un jeux de rôle. Chacun prend son rôle, défini à l’avance, se met dans le rôle par la pensée, et on commence : chacun amène sa vision dans l’exercice.

Et chacun prend des notes, car les idées viennent vite.

Quelques repères :

• Puis-je exercer mes droits ?
• Suis-je protégés contre les abus de droit ?
• dispose-je de moyens de recours ?
• Bloque-je la situation avec des droits mal limités ?
• Subis-je des atteintes à mes droits à être représenté ? à représenter ?
• Risque-je un retour de bâton en exerçant mes droits et/ou mes devoirs ?
• Et ainsi de suite…

Un exemple pour voir

Les personnages :

Des employés, un délégué tiré au sort, un cadre, un patron.

Le patron veut discuter, ou plutôt doit discuter (s’il n’y est pas obligé, il le fait pas!) d’une réforme de structure de la boite. Peu importe : déménagement, abandon de certaines productions, changement de matériel informatique.

Peut importe le sujet. Chacun joue son rôle sincèrement et sans pitié. Chacun doit pousser ses droits (supposés) à leur limite. Chercher l’abus. Celui qui joue le rôle du patron doit s’appliquer.

Le délégué tiré au sort doit donc être averti assez tôt du sujet traité. Combien de temps ? Pas de problème, cet aspect est déjà traité avec des délégués élus.

Le délégué doit pouvoir convoquer les employés. Comment ? à quel moment ? Ne faut-il pas instituer une demi-journée (en milieu de semaine !!) de présence obligatoire des employés pour assumer leurs responsabilité citoyennes DANS L’ENTREPRISE ?

Pour des formations, professionnelles, politiques mais également pour avoir le temps, dans le cadre des horaires de l’entreprise de mettre sur la table des sujets parfois complexes.

Les uns et les autres donnent leurs point de vue, présentent leurs recherches, leur documentation.

Puisque le délégué est tiré au sort, il ne peut se prévaloir d’une compétence particulière à être délégué. C’est parfait ! En voila un qui ne sera pas vendu à quelque intérêt, d’un coté ou de l’autre.

Les employés ne vont pas couper au travail induit par la démocratie. Apprendre, juger, discuter, donner un avis puis, collectivement, rédiger la feuille de route du délégué.

Celui-là n’a pas à improviser. Il peut être accompagné aux négociations par des appariteurs également tirés au sort, qui ont juste le droit d’observer, de noter et de fermer leur bouches.

Ceux là rapporteront éventuellement les trahisons, mais aussi les difficultés rencontrées par le délégué.

Le tirage au sort des représentants, désignant par nature un messager sans opinion, contraint les « représentés » à se remuer le dargeot, à se saisir eux-même des problèmes.

Le délégué n’est plus qu’un messager, théoriquement sans âme.

Vous voyez là, avec cet exemple, que le tirage au sort ne change pas seulement fondamentalement le rôle du représentant : en lui retirant de fait toute compétence intrinsèque, il oblige les représentés à endosser toute leur responsabilité.

Le tirage au sort ne change pas seulement le mode de désignation : il change les rapports entre les personnes concernées, toujours dans le sens d’une distribution des pouvoirs.

Après, lâchez vous : on fait quoi si le tiré au sort est malade ? Comment révoque thon un délégué qui vire dingo ?

Voila, l’exemple est terminé.

A vous !