Les mystères de la feuille de paie

Votre feuille de paie est votre pire ennemie

Pourquoi ? C’est une gigantesque mascarade, un maquillage honteux et je m’en vais vous en narrer quelques stratagèmes. Narrons donc.

Pour essayer d’être exhaustif, je vous prend un salaire de 4000 boules brut. On y voit encore plus de vices et de privilèges, que pour un smic.

Ne me reprenez pas sur les chiffres précis : cet exemple date un peu, je sais, mais cela ne change rien à mon propos. Quasiment chaque ligne mérite une révolution, mais je garde ça pour la fin.

Notez donc que pour celui qui s’ennuie aux chiottes, il y a suffisamment de lecture pour distraire une vigoureuse gastro.

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Voila. On peut juste y lire que plus tu gagnes, moins tu cotises, par la grâce des tranches. Alors que les riches vivent plus vieux et coûtent bien plus longtemps et cher à la sécu et en retraite.

Voici maintenant ma version,

je ne reprends pas les cumuls en bas, ni les identifications en haut. Je laisse tomber les virgules, je garde pour plus tard les commentaires sur la façon de présenter une prime, qui peut disparaître, au même titre que le salaire, qui ne peut être remis en cause. Je l’ai vécu : un jour on a voulu me faire sauter le 13ieme mois, tu comprends la boite va pas bien. J’ai dit ‘va chier’, on m’a dit « t’es dans le plan social » et j’ai perdu le dernier boulot salarié de ma vie, vers 45 ans.

Je ne prend pas en compte l’avance sur salaire ni la saisie arrêt, qui déglinguent un peu le net payé. Ils n’ont rien à voir avec le salaire et figurent sur la fiche par commodité comptable.

Salaire du Monsieur : 5776 € qui se décompose en :

Salaire direct : 3084 Euros, versé sur le compte du salarié.

Salaire indirect (ou différé) : 2372 €, ouvrant des droits à la santé, retraite, faire des gosses, protection contre les accidents du travail, et d’autres douceurs, bref la sécu. Allez voir « La Sociale ». Vite.

Cet argent est immédiatement versé au système de santé, aux retraités, aux malades ou accidentés (notamment ‘du travail’). Le coût de gestion est de 7%, versé très principalement en salaires à ceux qui gèrent le bousin. Même ces 7% retournent tourner dans l’économie réelle. Quand c’est le privé, c’est 25%, la différence pour les actionnaires.

Impôts (CSG-RDS) : 320 €,  ne donnant aucun droit. Un braquage de la sécu par nos chers politicards suces-boules-de-Denis-Kessler (tiens, et du frère de Sarko).

 

Reprenons dans l’ordre :

L’état d’esprit de nos maîtres est, a toujours été, de payer le moins possible, tout en recueillant le plus possible de revenus du taf de ceux qui bossent pour de vrai. Deux moyens pour cela : augmenter la productivité, c’est à dire la quantité de valeur produite à l’heure, et payer cette heure le moins possible. REDUIRE LES SALAIRES !

Pour le premier moyen, on informatise, on met des machines, ce qui permet de virer des gens. Pour le deuxième moyen, on crée le libre-échange, qui met en concurrence les bas salaires, par exemple de Roumanie, ou bien de Chine, ce qui permet aux patrons de faire brâmer par leur sbires, Fillon, Valls, Juppé, Hollande, Pastré, Lenglet, Attali, Franz-Olivier Chose et consors, que la compétitivité, l’austérité sont la seule issue à une menace créé de toute pièce. Bref, on rembourse moins, on baisse les retraites, on fait payer des forfaits hospitaliers et un euro par boite de médicament.

Et la fiche de paye ? Nous y voilà ! D’abord le salaire est échangé contre du travail, de la production. Ce n’est donc pas un coût, comme l’écrit l’enfoiré qui a pondu la feuille en haut : c’est un moyen, autrement dit la contrepartie d’une production pendant que le patron joue au golf.

Ensuite les cotisations sociales ne sont qu’un moyen que la collectivité (bouh ! des vilains communistes !) a trouvé pour mettre en place des services de santé, de retraite etc, pour éviter de crever comme des chiens à 50 ans, ou plus tôt au premier accident du travail qui te laisse sur le trottoir.

C’est juste que nous avons convenus de ne pas claquer toute notre paye en piscine ou en ferraris, mais de nous obliger nous même à consacrer en gros la moitié de la valeur que nous avons créé, dont le salaire n’est que la représentation en brouzoufes, pour avoir une santé (presque) gratuite, une retraite, une aide à l’éducation des enfants (allocs) et surtout, en mutualisant ces ressources, de permettre à n’importe qui, pauvre ou riche, de se payer des soins un peu chers : sinon, aucun soins aux grand brulés, pas de pontage coronarien, des infarctus fatals, pas d’hélicos pour transporter un accidenté à l’hosto. En tout cas pas si t’es ni émir, ni Tapie.

Alors les capitalistes appellent ça des « charges sociales« . On veut nous faire croire que le salaire se réduit au net, et que le reste n’est que surplus infligé aux pôvres patrons.

Évidement, une « charge » est un mal, qu’il faut réduire.

Maintenant attardons nous sur un autre moyen de baisser les salaires, avec la fiche de paye de Trouduc Consul de mes deux Ting :

Une fois que vous avez fait disparaître aux yeux du salarié le salaire qui figure dans la colonne « Charges » patronale, il suffit de les réduire : merci Fillion qui a brutalement pris 39€ de salaire à tout les bas salaires, mais dans la colonne patronale !

Mais vous allez dire « Ben non, je touche la même chose ». Non ! Vous touchez le même salaire direct, mais vous perdez en salaire indirect ou différé, vous appauvrissez les ressources sociales qui étaient payées avant avec : moins d’hôpitaux, moins de retraites et caetera.

Ben oui, la seule chose qui vous intéresse, c’est le « net », le salaire direct.

Quand vous allez chez le médecin et que vous ne payez pas 70% de la facture, vous touchez là votre salaire indirect. Quand vous touchez votre retraite, vous touchez votre salaire indirect. Quand vous touchez du pognon, alors que vous êtes en maladie, en clocque ou en accident du travail, vous touchez votre salaire indirect. Moi aussi, je peux donner dans l’anaphore.

Tout le jeu des patrons pour vous faire renoncer à votre salaire (indirect), est d’appeler cela de la solidarité, et vous tirez un peu trop fort dessus. Alors que tout ça n’est que du salaire… indirect ou différé.

Par exemple, sur la feuille de paie du cadre, les cotises représente 41% du salaire total, pour un smic seulement 32%. Mais le cadre est remboursé à 100% grâce à sa mutuelle, le smicard paye 30% plus le forfait hospitalier, plus ses lunettes, ses dents, un euro par boite et pas de thalasso.

Parlons maintenant du saucissonnage : le découpage de la sécu est un moyen de soûler le lecteur, et permet de faire des petites rognures, du grignotage.

Merci Rocard qui a gelé le % pour la retraite, au nom de la compétitivité.

J’ai déjà dit que faire disparaître le salaire total, pour parler d’un « salaire brut » est une immonde ruse pour endormir le salarié, puis de faire une colonne pour les cotisations soit-disant payées par le patron, et celle payée par le salarié.

En fait, bien sûr que le patron paye l’intégralité du salaire, et le salarié paye toute les cotisations.

Imaginez qu’on vous verse le total, et que vous reversez TOUTE les cotises aussitôt.

Mais la preuve, c’est que l’assedic lui, quand il réclame au patron vos cotisations, prises intégralement sur votre salaire, pose un pourcentage, et un chiffre. Le relevé détaille aussi, mais on s’en fout !

Rien n’empêche de faire figurer au dos de la feuille de paie la décomposition, pour tout ceux que cela passionne.

 

Je demande une feuille de paye avec quatre chiffres :

le salaire (ici 5776 €),

un seul pourcentage, genre 41% (avec la mutuelle), donc un deuxième chiffre LA cotisation sécu (et la mutuelle, grrrr), autrement dit le salaire indirect,  ici 2372 €,

Des impôts, 320 € et arrêtons de nous emmerder avec la part déductible et l’autre !

reste le salaire direct 3084 €.

Le reste c’est de l’enfumage.

Là, au moins, dès que les patrons s’attaquent au salaire, cela se voit direct sur le premier chiffre.