Un loup nommé agneau

1 – Braquage du millénaire. Butin : un mot

Si nous devons parler politique, nous avons besoin de mots spécifiques.

Or, le mot central ici est le mot « Démocratie ».

Si vous êtes nouveau dans les conversations sur la démocratie et la constitution, il est probable que nous nommons avec le même mot deux concepts opposés.

Statistiquement, vous pensez comme on vous l’a appris que nous vivons dans une société démocratique.

Ce que j’appelle « Démocratie » n’a rien à voir avec ce que vous nommez démocratie.

2 – Travaux pratiques

Soit une assemblée quelconque, genre le troquet du coin, fin de soirée à un mariage bref un groupe supposé disparate et « neutre » politiquement.

Et là on énonce : « Nous ne vivons pas en démocratie, nous vivons en dictature constitutionnelle ». Aussitôt les plus inquiets appellent le SAMU.

Voici un basic des objections :

« Ah bon, on ne vote pas peut-être ? », sous-entendu « vote=démocratie et vice-versa »

« L’article 3 de la constitution dit clairement :  La souveraineté nationale appartient au peuple ». Voyez ceci,

Pas la peine de chercher plus pour l’instant. De toute façons, l’ambulance vous attend, faut pas rester là Monsieur, on va s’occuper de vous.

Pour une première approche, l’échec est total. Si je ne rectifie pas le tir, je vais perdre mes potes un par un.

3 – Conclusions provisoires

La recherche et la promotion de la « démocratie » est sabrée d’avance par le lavage de cerveau, avec prélavage et rinçage supplémentaire, que nous subissons depuis la naissance.

Comment vendre de la démocratie à des gens qui pensent en avoir déjà plein les placards ?

Un nettoyage de vocabulaire s’impose. Il se heurte aussitôt à la saine méfiance et à la malsaine paresse intellectuelle qui repousse tout ce qui remet en cause un axiome simple, admis et apparemment inoffensif.

Quand vous enchaînez avec une explication sur ce qu’est ou n’est pas la démocratie, vous allez probablement enclencher un mode pervers et naturel.

4 – Le mode « Tous aux abris ».

Bien ou mal, ce n’est pas le sujet, nous avons des réflexes de pensées qui s’adaptent à nos ressources mentales : Si quelqu’un dit « l’inceste avec mon fils, c’est fun », le dégoût et la certitude sincère vont vous pousser à rejeter un dialogue de cette tonalité, éventuellement vous appelez la police.

Vous n’allez pas redémontrer ou discuter le tabou de l’inceste : c’est tout vu, je n’ai même pas besoin d’argumenter, tu dégages, connard.

Vous voyez bien que sur certains sujets, il n’est pas nécessaire d’avoir fait de grandes études, d’avoir un vocabulaire d’académicien.

Et franchement, si l’espèce de « quelqu’un » insiste en tentant de montrer le bien fondé de son point de vue, ça va être nos poings dans sa gueule et pis c’est tout.

C’est le mode tous aux abris. C’est, comme son nom l’indique, une posture mentale d’urgence qui vise à se protéger d’une agression, enfin, ressentie comme tel.

Le mode « tous aux abris » s’appuie d’abord sur la certitude d’avoir raison. Cette certitude est débordante, d’autant plus qu’elle est socialement encouragée.

La pédophilie est un interdit absolu, mais Nabokov, Gainsbourg et quelques photographes très célèbres genre Hamilton ou autres ont chanté la pédophilie, mais là tu peux pas comprendre, c’est de l’art.

L’un avec un bas en nylon et l’autre avec du beurre sur l’objectif et des lolitas habillées comme des putes. On a trouvé tout un tas de soutiens dialectiques et les ventes ont augmenté. La transgression, c’est fun.

Il est donc possible, avec un peu d’astuce et de la motivation, de tordre un peu les conventions.

Mais si vous traitez l’obstacle sans finesse, vous vous mangez un gros râteau, votre interlocuteur a foncé aux abris.

Remettre en cause le principe « élection=démocratie et démocratie=élection » est aussi violent pour 90% des gens que mes sottises sur l’inceste.

Et cela provoque la descente aux abris. Ne  confondez pas avec le « déni », qui n’intervient que lorsque la sape des certitudes est bien entamée.

5 – La mise au point d’un ensemble de pratiques dialectiques

La mise au point de techniques de conversation et leurs promotion est un passage obligé.

La lecture de « l’art d’avoir toujours raison » de ce frimeur pompeux de Arty Schopenhauer peut, dans ce seul cas, être envisagé. Un recueil sur l’art de la mauvaise foi.

Pour les participants à ce site, il faut absolument trouver un argumentaire.

Les conversations qui commencent par « tu crois qu’on est en démocratie ? » foirent très rapidement. Ou réclament une énergie excessive.

Je vous propose de réunir des « méthodes », des « modèles de conversations » : commençons par des commentaires en bas de cette fiche.

Affiner un éventail de méthodes d’argumentations pourra aider ceux d’entre nous qui n’ont pas naturellement de réparties ou pas assez de souffle.

Comprenons aussi le militant qui a compris que nous ne sommes pas en démocratie : cela ne le transforme pas pour autant en tribun allumé.

Il sera naturellement poussé à aller de l’avant, à se projeter dans un exercice civique créateur de société.

Passer le cap de la croyance erronée que nous vivons en démocratie est difficile, et ce n’est pas pour rester sur le sujet cent mille ans.

Or, la diffusion de la nécessité de ré-écrire la constitution pour vivre en démocratie est empêché par un tabou de force 10 :

« Nous sommes déjà en démocratie, donc va prendre ta p’tite pilule rose. »

Si l’on compare avec une campagne militaire, cette étape :

« convenir de l’absence de démocratie » devrait ressembler au balayage d’un poste frontière bucolique au printemps par deux divisions de chars, et non à la prise de Moscou en hiver par un comité local Attac en slip.

Or, cette campagne commence directement par une prise difficile, un poste de commandement ardemment défendu.

Chouard utilise l’expression « des mots mis à l’envers ». Comment demander la démocratie, alors que c’est écrit en gros sur nos institutions ?

6 – Promouvoir l’essentiel

Sans aller plus loin, voilà une tâche, un sous-objectif préliminaire : Faire admettre et banaliser l’idée que « Nous ne sommes pas en démocratie ».

Quand vous montez sur le bateau, vous ouvrez l’essence, vous fermez des coupe-circuits, vous ouvrez des cadenas pour rendre accessibles des matériels de secours et vous ferez l’inverse au retour de la promenade.

Tenter la promenade en ayant omise une seule de ces étapes est exclu, voir illégal.

Dans le plan de notre organisation, qui vise à favoriser l’avènement de la démocratie en France, faire savoir à tous que nous ne sommes pas en démocratie est un préalable, une condition.

Partir en campagne sans cartouches, partir en démarche politique sans arguments, c’est pareil.

Une fois admise cette idée, le cerveau peut passer à la suite : pas toujours facile de passer le videur, mais une fois que c’est fait, c’est dans la discothèque que cela se passe. Aucune raison de traîner à l’entrée.

Quand on veut faire une école de commerce, ce sont les années de prépa aux concours qui arrachent tout, une fois passée cette étape et intégrée l’école, c’est du beurre.

La démocratie, c’est presque pareil : il est plus difficile de commencer la conversation, à cause du pré-jugé ( littéral ), que de refaire le monde après.

A se demander si on ne va pas passer plus de temps sur ce sujet boulet, que sur les discussions diverses qui n’interviennent qu’ensuite.

Pour vous recharger allez voir les explications de Chouard.

 

 

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