Fillon en enfer : la RDDM est son purgatoire

Ca y est ! 65 millions de français connaissent l’existence de « La Revue des Deux mondes« . Ou RDDM pour faire court.

Bien peu iront voir ce qu’est cette très confidentielle revue. Entre bimestrielle et 10 numéros par an, elle affichait des numéros qui ressemblent par la maquette et la typo, aux produits de Gallimard les plus austères.

Je vous en dis quelques mots, en vous précisant que mes informations ne sont pas fraîches : en gros 15 ans et plus. Les noms ont changé. Je vous donne mes sources : j’ai grandi chez un ultra-catholique, collaborateur à Combat, Minute, La Revue des deux Mondes,  et à « La Table Ronde » (éditeur racheté depuis par Gallimard). Il a été acteur de la revue de l’Action Française, mouvement royaliste. Lecteur du « Crapouillot« .
Grand supporter du Général Pétain, plutôt Tixier-Vignancourt que Badinter. Plus Gaxotte que Guillemain. Plus Maurras et Brazillach que Sartre ou Sagan. S’il jouait aux fléchettes, il y aurait De Gaulle sur la cible.

C’était un littéraire, rapatrié d’Algérie, et tout ce qu’il m’a raconté de sa jeunesse, se résume à : « On était jeunes, on était fous, on était tous OAS ».

Accessoirement anti-sémite « de base ». Vous savez, ces salauds de juifs qui ont crucifié le christ.

Je suis trop jeune pour avoir gardé souvenir de Laudenbach, Nimier, Blondin, Madiran ou  Boutang, mais ils étaient au centre des conversations. J’ai dû manger à la même table, je n’en sais plus rien. D’ailleurs, quand je vois Fillon, j’ai l’impression de voir ***.

Et ne vous méprenez pas : si on fait abstraction des idées que chacun est libre d’avoir, ne m’en déplaise, tous ces gens sont très cultivés et très intelligents. Ce qui rend ambigüe la critique, car dans le cadre de ce poulet, je réduis leur intellect à ce qui les relie à mon propos. Ils peuvent par ailleurs avoir de grande qualités, notamment littéraires, et aborder moult sujets d’une façon qui recevrait mon entière approbation.

La RDDM, c’est la propriété du grand financier Massoud Ladreit DE Lacharrière. Non. On me dit que c’est Marc. Un gros, un énaurme énarque du CAC 40 : allez voir sa page wikipédia. On n’est pas chez les kékés.

Historiquement, la RDDM, c’est un soutien à Thiers quand il hache la commune à la mitrailleuse, un soutien à la bourgeoisie militaire qui veut se taper un youpin : la RDDM est anti-dreyfusarde. Et antisémite, comme tout le monde à l’époque. On y accueille les écrits politiques de Pétain.

La RDDM : faire le lien entre le monde moderne et le monde spirituel. Belle mission qui consiste surtout à faire la promotion des idées les plus étroitement catholiques, et à veiller, par un élitisme qui se veut classieux, à bien maintenir la frontière entre les gens de bien et le bas peuple.

Cette revue n’est pas conservatrice, elle EST le conservatisme. Tout en accueillant la fine fleur de la littérature française (réac et chiantissime), elle rappelle à tous que la culture n’est pas faite pour les pouilleux, à moins qu’ils ne se tartinent la messe et des piles d’une littérature absconse et soporifique. Qu’ils se soumettent intellectuellement, leur échec à digérer l’inutile signe leur défaite sociale. Oui, j’ose.

La culture ? justement ce qui permet aux sangs-bleus d’abord de justifier leur razzia sur l’europe, par l’épée, comme de vulgaires racketteurs. La « noblesse », c’est l’équivalent de la « protection » offerte par le malfrat au commerçant. Quand les bourgeois renversent cette dictature à la fin du 18ème siècle, il ne leur suffit pas de prendre le pouvoir, il leur faut aussi  la culture, qui du coup, devient « bourgeoise ». S’enrichir outrageusement par la banque ou le commerce, c’est bien, pratiquer le baise-main, avoir un Gericault et un piano dans le salon, c’est mieux. Accessoirement marier un De La Margelle Du Puit à fifille, c’est le top.

A peine arrivée, la bourgeoisie naissante et déjà riche, se précipite pour soigner son complexe d’infériorité vis à vis des nobles, que l’argent ne soigne pas (le complexe. Faut suivre). Il lui faut singer le faste de la cour. Du pompeux, finalement du laid, mais du chic et cher. Les plus assommants « classiques » de la littérature française sont à leur apogée. Mais faut pas le dire : combien d’entre nous ont plié l’échine, et se sont conditionnés à trouver géniaux nos classiques, pour ‘en être’ un peu.

Luchini lit en public Céline.

Vous voyez Boris Vian et Audiard ? Vous pouvez pas vous tromper, c’est juste en face, derrière Bételgeuse.

Toute la raison d’être de la RDDM, c’est d’être un présentoir de la bien bienpensance bourgeoise, entendez tout sauf le peuple, le vulgus pecum.

Le tout dans une atmosphère ultra catho, antisémite.

Tout Fillon, quoi : A moi le manoir, le blé et la majesté, aux pauvres de trimer pour entretenir mon train de vie. Vous êtes trop payés, tas de pue-la-sueur !

Ce qui est rafraîchissant, c’est de voir à quel point ce ramassis de privilégiés est resté con, malgré son cursus scolaire.

Soyons clairs :

Fillon est pote avec Ladreit de Lacharrière : Lacharrière est le modèle de Fillon. Il a le titre, la particule ET le bon gros pognon et le pouvoir qui va avec. Fillon non, mais il rêve d’en être. Comme pour le bizness c’est trop tard, Fillon poursuit sa conquête du pouvoir.

 

Vous imaginez combien c’est cool, pour Marc, d’avoir son pote Fillon en haut de l’état. Et combien c’est cool pour François d’avoir un pote Marc aussi fortuné et bien disposé.

Mais ce n’est pas tout ! Ils partagent aussi le goût  de la rigueur catholique et le mauvais goût lourdingue popularisé par les rois de France pour « fixer » les caïds de la noblesse. Manoir et petit doigt en l’air.

Mais alors, pourquoi affirmer que cette bande partage son génome avec l’huitre ?

Quand on est blindé, surblindé de caillasses comme Marc Ladreit de Mesdeux, 100 000 boules, c’est l’argent de poche de la semaine. On est pas chez les prolos, que diable !

Filer cet oseille à un pote dans la peine, comme Fillon, c’est son droit. Pourquoi ne pas lui faire un chèque ? « Tiens, voila 500 briques, ta meuf pourra se racheter des slips ».

Non. Il aura fallu qu’il fasse payer un emploi fictif dans sa revue facho-réac à Pénélope, dont on a pas su qu’elle avait breveté l’eau tiède.

Moralité : y’en a pas.

Votez blanc !

Références :

Revue des deux mondes de 1921 a 1938 Vue a travers ses diners

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