Le silence a du bon

Après avoir écrit les articles de ce site, depuis deux ans, puis avoir un peu débordé sur Facebook, j’ai eu l’opportunité de réaliser un temps des émissions de radio.

Mais l’accumulation de livres ou d’articles lus, de vidéos, plus quelques émissions de l’excellent Arrêt sur Image, dont je vous recommande l’abonnement, a provoqués des assèchements.

Le premier assèchement se traduit par une baisse du temps passé à lire, et l’abandon des derniers instants de télé. Baisse du volume des données « entrantes », donc. Tout ça se répète. Déjà lu ou déjà vu.

Le deuxième, c’est la baisse de ma propre production. Il y aurait 1000 raisons valables, mais cette lassitude provient clairement des répétitions lancinantes des mêmes incantations sans effets.

Sur Facebook, de nombreux groupes dissertent, jacassent en tournant en rond. D’autre produisent, comme « Vers une nouvelle Constitution« , qui a écrit une constitution, fruit d’un gros travail collectif.

Il devrait être content, le pépère ! Et bien non. Nous avons les infos, des orateurs, des groupes de discussions, voire des productions. Des milliers de gens qui se décarcassent.

Et rien ne change. Rien de rien. Une grosse pincée d’activistes se démène, mais les gens d’accord n’en finissent plus d’être d’accord.

Je vais donc vous ressortir l’axe primitif du site VUNCF.org, auquel j’en ai ajouté un qui correspond à mes compétences techniques.

Le projet initial :

Il s’agit de sensibiliser massivement le grand public. Le public des télé-réalité, les classes moyennes ou aisées qui vivent ans leurs bulles et se contre-cognent de l’avancé du libéralisme ( 10M de chômeurs, autant de pauvres, destruction du service public, pollutions, choix politiques confisqués…). Le projet est décrit sur ce site. Il consiste en une action globale, coordonnée, pour faire passer sur un an une solide trentaine de sujets essentiels pour éveiller à la démocratie, la vraie, et sur les sujets clefs de société. Allez voir cet article et ses sous-pages, c’est une description à discuter, critiquer, améliorer.
En bref, si on refuse de s’attaquer aux problèmes qui fâchent, comme l’héritage, la puissance autocrate et criminelle des investisseurs,  le droit de s’enrichir sans limite, le droit à l’usure, l’abandon de la souveraineté populaire sur la monnaie, l’arbitraire du système politique Européen, on se condamne à stagner, tout en se distrayant, certes.

Au lieu de cela, chaque ‘club’ politique est persuadé qu’il va tout seul faire la révolution. Pitoyable, politiquement pitoyable ! Et encore, ce sont de braves gens….

Des militants démunis :

Les rares fois où des militants vont plus loin qu’être d’accord entre eux, se délectant de la nième dénonciation de ces salauds qui nous gouvernent, c’est pour produire un objet unique, produit de fait quasiment en secret. J’ai mentionné plus haut la production d’une constitution. Mais je n’en veux pas UNE, j’en veux CINQUANTE ! Et côte-à-côte.

Ah ça, pour discutailler, critiquer, même avec talent, il y a du monde. Pour gratter du concret, il n’y a rien, ou alors.

J’ai donc eu l’idée d’écrire un système, accessible par le web, pour créer, et j’affirme que le terrain est vierge, un lieu virtuel de création de ‘solutions’ pour prolonger les idées qui foisonnent en résultats concrets : projets de loi, constitutions, règlements, règles de bonne conduite, ou encore communications avec le ‘grand’ public. C’est à dire la masse de ceux qui s’en foutent, et qui par leur consommation effrénée courent comme des lemmings vers le bord de la falaise.

Ce projet part d’une variante de Liquid FeedBack, qui s’appelle ‘pirate feedback’. J’ai en gros déjà modélisé la base de donnée, et effleuré la programmation, mais la tâche est bien au delà de mes capacités physiques.

C’est un ‘lieu’, comme une bibliothèque où on ne jacasse pas, où on pose une question en posant une première réponse. Le but étant de provoquer une compétition (amicale) où une idée est poussée à ses termes par des équipes ‘concurrentes’. A la fin, on vote.
Exemple : réforme de l’héritage pour empêcher l’accumulation, donc la mort de l’égalité politique et concentration des richesses et des pouvoirs. Réforme de la monnaie : on sait ce que l’on ne veut plus (l’Euro), mais pour mettre quoi à la place ? Réforme du gouvernement représentatif : pour mettre quoi à la place, avec quelles transitions ?
Il faut aussi repenser les organisation pyramidales qui régissent les biens communs : éducation, santé, aménagement du territoire, immigration, tous ces sujets sous la coupe du président de la république, lui-même mis en place par les pouvoirs économiques. Les généralités tiennent en quelques lignes, mais la pratique suppose de réunir des compétences, et de leur permettre de travailler au vu et su de tous.

Ce projet, forcément ‘open source’, ne peut voir le jour qu’avec une solide équipe de développeurs, et du pognon, beaucoup de pognon. Sur une base de 15 salaires à 3000€/mois, une année coûte rien qu’en salaires 810000€. En ajoutant les frais techniques, ça nous fait une brique par an. Soit moins que le coût d’un seul député !
C’est de la taille d’un projet comme Wikipédia, qui d’ailleurs utilise en interne un dispositif qui y ressemble fortement.
J’ai écrit un document qui en donne l’esprit. Si vous allez le lire, ce que je vous conseille, il ne faudra pas regarder les copies d’écrans, qui montrent un logiciel à des kiloparsecs de l’ergonomie simple propre à le mettre entre toutes les mains.

J’ai vu plein de projets, qui font chacun une bonne partie du chemin, il faut le dire, mais aucun qui ne pose des procédures suffisamment simples et rigides pour guider un visiteur lambda, un citoyen.

Premièrement, ces projets prétendent mélanger jacasserie (indispensable pour la création) et production. La dite production s’enlise alors dans la jacasserie.
Deuxième point, ces projets veulent récupérer les mécanismes  genre « like » ou ‘dislike’ sans s’offusquer qu’ils réinjectent du pathos dans l’étape qui doit l’exclure par principe. Ce n’est pas un problème de technique, mais une question de choix politique.

Chacun de ces projets part du principe qu’on attrape des fanas de Facebook, ce qui n’est pas idiot, mais qui refusent obstinément l’effort, le dépassement des conventions jacassières, l’exigence d’éducation politique.
Autrement dit, on part des noeudnoeuds politiques que nous sommes, sans jamais oser projeter une formation : le ‘client’ est capricieux, bavard, versatile et surtout ne changeont rien.

Une fatalité induite

La fatalité jacassière est malheureusement assise sur notre histoire politique, où des soi-disant citoyens ont juste le droit de râler, tant qu’ils passent à la caisse, et se soumettent aux ordres des banquiers, des investisseurs. Qu’ils renoncent à leur droits, qu’ils se fassent massacrer au travail, qu’ils obéissent et surtout ne changent rien aux rapports de force sociaux.
Nous avons, dans notre pays, une longue tradition d’aveuglement, de soumission, le tout en tenant des conversations de comptoir pour des exercices de citoyenneté.

Vous, qui avez gardé votre attention jusqu’ici, vous êtes combien, 5%, 10% de ceux qui ont lu les premières lignes ?
Sachant qu’au départ ceux qui sont arrivés sur cette page sont déjà probablement pas mal sensibilisés.

Conclusion :

Lâchez donc, pendant 10% de votre temps militant, les flux de dénonciations stériles, pour  vous pencher sur la ou les techniques de communication avec les drogués du net, les fanas de « plus belle la vie », les téléspectateurs des JT. Ceux qui croient qu’Yves Calvi ou Pujadas sont des journalistes indépendants. Ceux qui pense que Jacques Attali ou Alain Minc sont des génies. Qu’une dette doit être remboursée. Que la mondialisation est une fatalité comme la rotation de la terre.

Enter en contact avec eux, les décrocher de leurs drogues médias, de leur certitudes d’ascension sociale, voila une étape cruciale, primordiale. Pondre une nouvelle constitution, c’est super, faire comprendre à l’électeur lambda que jamais Marine ne sortira de l’Europe, de l’Euro, donc ne changera strictement rien, c’est mieux !

Au final, tous ceux qui veulent de la démocratie à l’athénienne devraient se demander comment inviter 40M de français à jouer. A participer, en renonçant aux illusions consuméristes, aux promesses électorales.

Il est aussi crucial de faire des ateliers constituants, que de convaincre votre voisin, fan de 4×4 et d’Iphone, de venir. Et ça, c’est pas de la tarte. 20 ans d’éducation populaire, la certitude que les quinquas investis ne verront jamais le fruit de leurs efforts.

C’est pour cela que la punchline de ma page Facebook est « Nous savons pourquoi, trouvons comment ». Pourquoi ? Lepage, Lordon, Friot, Chouard, Sapir, Ruffin, et les centaines d’autres du même acabit l’ont déjà écrit, expliqué, conférencé. Le comment, ce n’est pas, à mon sens, de rassembler 2000 personnes devant l’assemblée nationale, quand les médias torpilleront les doigts dans le nez l’opération.

C’est de trouver un moyen de décrocher les bœufs de la mangeoire médiatique et de leur smartphone. Ah bon, vous lisez cet article sur votre smartphone ? OK, il y a du mieux.

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