Dans Ta Face : de retour de l’atelier constituant

Par delà la satisfaction de rencontrer des gens intéressants, et l’exercice enrichissant de la démocratie écrivant ses lois, il y a des aspects plus inattendus.

A Montpellier ce samedi, des petits jeunes qui nous réconcilient avec leur jeunesse et notre vieillesse, ont donné à l’auteur de ces lignes l’occasion de présenter ce site.

Une improvisation qui est à chaque fois l’occasion de resserrer notre propos. Une philosophie et deux pratiques résument notre action.

Une approche générale : la pensée de « l’autre » impose la musique

Les deux actions décrites par la suite ne peuvent donner de résultat probant que si l’argument est exposé dans l’ordre des émotions du récepteur, et non pas dans l’ordre du cheminement de pensée de l’émetteur.

Exemple : vous voulez expliquer la sortie de l’euro pour déconstruire le racket capitaliste donc… Stop ! Commencez par dire à votre retraité d’interlocuteur que le but est de lui donner une « vraie » retraite, au lieu d’une aumône assortie du produit de son épargne/assurance vie. Une fois satisfait son désir de survivre, vous pouvez aborder le sujet de votre choix. Au fond, dans certain cas, une fois que vous lui avez donné de sérieux éléments visant à lui doubler sa pension, vous pouvez bien mettre ce que vous voulez au bout d’une pique. Ou lui défoncer son assurance-vie.

Nous confondons le cheminement de la construction d’une idée, avec le cheminement de pensée de votre cobaye.

Une première action : A l’assaut de la Cariatide

Nous pensons, comme bien d’autres, que la sortie du drame économique donc social, que nous vivons, passe obligatoirement par une redistribution des pouvoirs, inévitablement dans un sens démocratique. Parfait. Les supporters de cette option organisent des ateliers constituants, dont nous vous conseillons la fréquentation. Vous y vérifierez, si nécessaire, qu’une constituante n’a de sens que si elle est organisée par tirage au sort. Rappel pour ceux qui sont arrivé en retard : la constituante est l’assemblée qui rédige les propositions de constitution (pluriel important !) qui seront données à choisir par référendum tout entier. L’atelier vous forme à écrire, mais aussi à voter !

Les lois impitoyables de la statistique nous indiquent hélas que la probabilité qu’une personne ayant fréquenté ces ateliers constituants soit tirée au sort est à peu près nulle. Cela n’est absolument pas contradictoire : autant il faut des constituants les plus aux fait possible de la question qui leur sera posée, autant il est souhaitable qu’une masse immense de spectateurs, de surveillants, les entoure de sa vigilance et de ses conseils. Quand vous vous rendez aux ateliers constituants, vous apprenez non pas seulement à écrire une constitution, mais surtout à comprendre comment c’est fait, et comment juger du résultat. Prenez des notes !

C’est donc à l’attention du « grand public », dans le sens statistique le plus global, qu’il nous faut envoyer suffisamment de signaux afin d’éveiller les sensibilités. Les signaux sont donc de la nature de ceux que l’on envoi à une foule disparate, à priori résistante. Exactement ce que fait la pub.

Alors que nous déployons des merveilles d’intelligence pour construire un futur naissant d’un passé difficile à déconstruire, c’est au final pour entamer une campagne digne d’un marchand de shampoing.

Les détails sont dans la rubrique « mode d’emploi » du site. Action coordonnée saturante de l’espace public, qui passe forcément par l’enrôlement de tout ce qui « pense » social en France, y compris dans des domaines très éloignés.

Coté style, l’opinion du rédacteur est que Michel Audiard (vous savez : la scène dans la cuisine des tontons flingueurs) doit plus nous inspirer qu’Emmanuel Todd ou Frédéric Lordon. Pensez Rémi Gaillard, pas Arlette Laguillier. Pas de « fun », pas de public.

Une action concomitante : l’élaboration d’une encyclopédie du futur économique, social et politique

Lorsque l’on expose l’idée de provoquer une constituante, le citoyen « de base » s’excite comme une huitre à marée basse.

– Pour quoi foutre ?

– Le pouvoir au peuple !

– Encore des idées de gauchisses !

Il s’en tape du pouvoir au peuple, le peuple ! En revanche, annuler les mécanismes de dettes, d’appauvrissement, de chômage… Mais comment le montrer ? En suscitant la fabrication, non pas d’une encyclopédie universelle, mais un catalogue des options qui lui seront données à choisir, juste après cette constituante.

Les solutions de tout bords, sur tous les sujets, écrits par n’importe qui.

On sort de l’Euro..Pour faire quoi à la place ? Quelle mécanismes monétaires ? Qui décide de la masse monétaire ? Quelles conditions pour le commerce international ? Comment transforme-t-on les avoirs existants ?

On sort de l’UE. Quelle contraintes douanières ? Comment on règle nos importations ? Et la dévaluation, comment ? qui ?

Les salaires ? les retraites ? les investissements ? l’épargne ?

Ce fameux « peuple » que l’on berne, que l’on calme avec des promesses fumeuses nous rappelle sans cesse, par son inertie et sa répugnance à s’enrôler dans des actions politiques, à ses désirs de sécurité, ses désirs de perspectives précises, chiffrées, et de surcroit, bien qu’il n’en est pas encore connu le goût, désir de choix. Pas de « représentation-qui-va-choisir-à-sa-place ».

Donnons lui ce qu’il désire. Annonçons lui l’ouverture du restaurant ET présentons lui le futur menu. Ce site propose d’être le lieu des cogitations de la première action, et de l’hébergement de la deuxième.

Et non, cher E.C., ce n’est pas clivant et tous les détails pratiques sont négociables.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.