Dans Ta Face : 24 mars 14, Désirs 3

Désirs maîtres, désirs du maître

Quand on tente de convaincre un quidam de la nécessité de remettre en cause l’ordre économique et social établi, on entre dans son roman, on se mêle de ses désirs. Que ce quidam soit actionnaire ou employé, propriétaire ou locataire.

Le quidam a peur du lendemain, même à l’abri du besoin. Son rêve ultime : augmenter sa cagnote, même chétive, de préférence sans rien faire. Deuxièmement, il veut avoir, le jour de sa mort, un solide stock de plaisir dans sa vie pour partir tranquille.

Nier cela dans des argumentaires, c’est se jeter contre un mur.

Être à l’abri du besoin, par des sicav, une assurance vie, avec des propriétés lucratives (immobilier, actions/obligation), c’est le but ultime. Ceux qui n’ont aucune capacité pratique se rabattent sur les jeux de hasard.

Argumenter sur l’immoralité de la propriété lucrative est voué à l’échec, si aucun substitut n’est clairement proposé. Il en sera de même avec l’abandon, sinon la forte limitation de l’héritage.

L’homme désire racheter ses fautes de parent déficient en léguant à ses rejetons un coquet pactole. Il le désire tellement qu’il crée à cet occasion un argument moral imparable. Laisser un héritage à ses enfants est l’ultime croisade, toute peinte de vertue : j’ai beau avoir été un gros enfoiré toute ma vie, je fais une ultime bonne action. Hé Dugland ! Maintenant que tu retournes à la poussière, où est le sacrifice ? Ce qui en aurai été un, c’est que tu partageasses avec tes gosses bien avant ta mort, quand ils ont démarré dans la vie et se sont ensucqués de crédits. Encore eût-il fallu que tu y pensasses, que tu le sachiasses.

Nier le souhait de se mettre à l’abri, et le désir de mettre sa progéniture à l’abri est contre-productif. Considérer le désir, c’est utiliser son cerveau pour trouver des alternatives convaincantes pour continuer de satisfaire le désir maître.

Le riche qui confisque le fruit du travail du grand nombre n’est qu’un pauvre qui a hérité, qui a réussi par la grâce d’un travail acharné entièrement dévoué à son désir maître : mettre en place, le plus vite possible, la martingale à pognon qui le mettra à l’abri de sa peur de la mort : la mort étant en l’occurrence représentée par une vie de gagne-petit, en découvert le 15 du mois, totalement enchaîné à un emploi misérable, précaire le plus souvent.

Face à ce désir d’être à l’abri du besoin, séparons le bon grain de l’ivraie : les 99% raisonnables, avec des revenus variés, parfois aisés, mais qui n’ont pas décidé que le peuple est une « machine » à pondre du confort, et avec lesquelles la discussion est possible et le pourcent restant de malades mentaux.

Écartons le pourcent : Souhaiter posséder des milliards à soit tout seul, comme Arnault avec ses 39 Md€ qui lui rapportent 3,5 Md€ par an, est une maladie incurable et nous avons là un tel chien tenant un tel os, qu’il est vain de s’y consacrer.

En revanche, les 99%, ceux là même que nous voulons toucher, ne nous accorderont une oreille que si nous leur tendons un nouvel os à la place de celui que nous entendons leur faire lâcher.

« Dans Ta Face » n’est pas un traité de psychologie générale, il s’en tient à chercher des pistes pour convaincre les 99% d’abandonner le capitalisme prédateur.

Si on accepte le désir se trouver à l’abri du besoin, financier en l’occurrence, et que 99% des français ne souhaitent pas s’installer en Ardèche et être auto suffisants avec des poules, un potager et un puits,  et un poêle à bois, il va bien falloir construire, proposer ce nouvel os. Changer, oui, mais mettre quoi à la place, sinon de nouveaux moyens de satisfaire des désirs qui ne s’éteindront jamais ?

De même l’héritage construit les fortunes lucratives, celles qui ont les moyens d’imposer l’Euro et le libre échange, qui améliorent le rendement des dites fortunes ; son élimination ne saurait être envisageable sans laisser aux pauvres et aux aisés la possibilité de laisser un héritage « raisonnable » : ne serait-ce qu’un héritage d’usage, et en écartant l’outil de travail de l’héritage, cela va de soi : l’homme ne peut donner en héritage l’obligation de travailler pour un tiers, sans contrepartie.

Quand nous souhaitons refaire le monde, nous nous en tenons au jugement négatif sur un comportement donné, nous le dénonçons et nous demandons l’interdiction de ce comportement. Sans prendre en compte le désir sous-jacent, sans prendre le temps d’examiner la cause de la cause de ce désir, sans en chercher le fondement souvent légitime, sans proposer une satisfaction alternative.

Demain quelques exemples pratiques….

 

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